Neutralité carbone, rénovation des bâtiments : l’Etat exemplaire ?

Responsables de près d’un quart des émissions de CO2, les bâtiments et notamment les bâtiments anciens, sont au cœur du plan de relance et de l’objectif de neutralité carbone fixé à 2050. Interrogé par Les Echos, l’avocat et président du plan « bâtiment durable » depuis janvier 2009, Philippe Pelletier, considère que c’est à l’Etat de donner le cap en matière de protection de l’environnement et de transition énergétique. 

Neutralité carbone : une urgence environnementale

Selon les données de l’Insee, publiées en mars 2021, les émissions de gaz à effet de serre en France (CO2), par activité, en 2019, sont réparties entre :

  • Les autres transports (8,2 millions de tonnes équivalent CO2)
  • Le traitement centralisé des déchets (14,2)
  • La transformation d’énergie (45,8)
  • L’industrie manufacturière (78,3)
  • Le résidentiel/tertiaire (80,8)
  • L’agriculture/sylviculture (85,5)
  • Les transports routiers (127,7)

Soit un total de 440,7 millions de tonnes équivalent CO2. À titre de comparaison, ce chiffre atteignait 548,3 millions en 1990, et il aura fallu attendre 2011 pour passer sous le seuil symbolique des 500 millions. Une bonne nouvelle toutefois très relative et insuffisante au regard de l’un des objectifs de la France et de l’Europe : la neutralité carbone à l’horizon 2050. Concrètement, il s’agit de n’émettre que ce que les puits de carbone naturels (sols, forêts, océans) et artificiels, sont capables de recueillir. Pour l’heure, « les émissions mondiales annuelles de CO2 ont atteint 38,0 Gt en 2019 », rappelle le Parlement européen. En contrepartie, « les puits naturels éliminent entre 9,5 et 11 gigatonnes de CO2 par an ». Quant aux puits artificiels, aucun ne peut actuellement « éliminer le carbone de l’atmosphère à une échelle suffisante pour lutter contre le réchauffement de la planète ».

Une enveloppe de 4 milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments publics 

L’objectif de neutralité carbone s’inscrit dans la loi européenne sur le climat, dans l’accord de Paris et dans le Pacte vert pour l’Europe, de la Commission européenne. En France, c’est le bâtiment qui est le premier visé car, comme le rappelle Philippe Pelletier, « c’est probablement le terrain le moins compliqué pour passer à l’action ». Il apparaît en effet plus simple de mettre en place des aides en faveur de la rénovation énergétique ou des dispositifs de défiscalisation tel que le Denormandie, pour inciter les investissements locatifs avec travaux, que de transformer notre modèle agricole ou d’inciter les Français à se déplacer à pied.

Le bâtiment, oui, mais l’ancien en priorité. Car comme le précise le quotidien, « la construction ne représente que 1 % de l’ensemble des bâtiments ». L’heure est donc à la rénovation et c’est à l’Etat d’ouvrir la voie. Une volonté d’ailleurs assumée depuis le Grenelle de l’environnement de 2009, qui a donné lieu à « un audit général du parc public », « mais pas vraiment encore de rénovations », analyse l’avocat.

Les bâtiments publics peuvent aujourd’hui compter sur l’enveloppe de 4 milliards d’euros dédiée à leur seule rénovation énergétique, dans le cadre du plan de relance français. Ce budget sera-t-il suffisant pour que l’Etat montre son exemplarité ? Philippe Pelletier espère en tous cas que les collectivités territoriales profitent elles-aussi de cet élan.

Alexandre Lamarche – Groupe Serenity

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